Un an après sa sortie en Suède sous le nom original de “Svinalängorna” (le nom d’un quartier pavillonnaire à Ystad en Suède), Beyond, le premier long-métrage de Pernilla August a été présenté en avant-première au cinéma Vendôme à Bruxelles ce mardi 22 novembre.
Je me rappelle encore de l’affiche du film dans les métros de Stockholm. Le doux visage pensif de Noomi Rapace enfouit dans les draps annonçait une sorte de drame moderne, familial, à la fois tragique et horriblement commun, peut-être ennuyeux. Je ne m’étais pas trompée.
Pourtant Beyond a reçu de nombreuses récompenses : il a remporté deux prix à la Semaine de la critique de Venise, il a obtenu le prix de la meilleure réalisation aux Guldbagge, les Oscars suédois, il vient de recevoir le prix du Conseil Nordique et il représente la Suède pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Le film a tout pour convaincre. Le premier rôle (Leena) revient à la nouvelle star hollywoodienne Noomi Rapace qui joue aux côtés de son vrai mari (pour le scoop, ils ont divorcé peu après le film). Le casting est particulièrement remarquable pour les seconds rôles avec la jeune actrice Tehilla Blad dans le rôle de Leena petite, Outi Mäenpää et Ville Vitanen, dans le rôle des parents de Leena.
La réalisatrice Pernilla August fait ses premiers pas dans le cinéma avec le film Fanny et Alexandre du non moins célèbre cinéaste Ingmar Bergman. Longtemps actrice, elle a voulu passer de l’autre côté de la caméra. Son premier film Beyond est basé sur le roman autobiographique à succès de Susana Alakoski, auteure d’origine finlandaise. C’est là certainement un autre élément qui joue en la faveur du film.
La presse suédoise a salué le travail de la réalisatrice pour sa profondeur, son intensité émotionnelle, sa capacité à montrer des sentiments complexes, à mêler chaleur et noirceur. Mais au final Beyond m’a paru long alors qu’il ne dure que 99 minutes. Noomi Rapace joue sur le même registre durant tout le film : le visage fermé, tendu, son regard renvoyant la peur d’affronter les souvenirs d’une enfance douloureuse.
Si l’intérêt du film est avant tout de montrer les sentiments de Leena, comment elle apprend à digérer les souvenirs qui resurgissent brutalement, ce qui m’a le plus interpellée, c’est l’histoire de cette famille finlandaise qui immigre en Suède dans les années 70, certainement pour y trouver un avenir plus prospère. L’Etat suédois bienveillant leur loue un appartement tout confort, moderne et standardisé, comme les millions d’autres appartements construits à cette époque pour la classe moyenne (“miljonprogrammet”, voir l’article sur le standard égalitaire à la suédoise). La famille de Leena vit à côté de Suédois, tout le monde est au même niveau. Mais pourtant le sentiment d’exclusion est palpable. Parce qu’ils ont l’accent finlandais, parce qu’ils ont peut-être un style plus “prolo”. Parce que Leena n’a pas un vrai maillot de bain comme tout le monde, mais un tricot de peau trouvé dans une friperie.
Dans le quotidien suédois Dagens Nyheter, la journaliste évoque la thématique essentielle du “petit frère finlandais et du grand frère suédois” inhérente au récit originel de Susana Alakoski. Rappelons que la Finlande a été dominée par la Suède pendant près de 700 ans avant de l’être par la Russie.
“C’est le récit d’un rêve de modernité, du triomphe de l’urbanisation architecturale sur la pauvreté, la misère et la saleté de l’ancien monde. La classe ouvrière n’avait plus rien à revendiquer, une fois quelle avait obtenu une cuisine moderne, un salon avec parquet, un balcon et une salle de bain. Le rêve du “Folkhemet”, le foyer du peuple, accessible pour tous se divisait finalement entre ceux qui arrivaient à être à la hauteur de l’idéal humain, soigneux, assidu, qui va de l’avant et ceux qui échouaient tout de même en dehors de la société, comme la famille de Leena.”
Finalement, à quoi tient le drame familial raconté dans Beyond ? A l’alcool qui engendre la violence, la misère et détruit littéralement une famille. En Finlande il est la première cause de mortalité parmi les 15-64 ans en 2007.
Beyond, est un drame familial assez banal, filmé de façon peu originale, dans lequel on peine à ressentir de l’empathie pour les personnages.